La vérité sur les réfugiés ivoiriens
Les médias n'ont pas manqué de rappeler le nombre croissant de réfugiés ivoiriens vers le Libéria depuis le lendemain du scrutin du 2nd tour. Une dépêche AFP du 26 décembre constatait un nombre inquiétant de 14.000 réfugiés. Au 28 décembre, ce nombre s'élevait à environ 15.120 (+ 4.000 à venir) selon le Haut-Commissariat pour les Réfugiés (UNHCR) et les autorités libériennes. Pourquoi ces ivoiriens fuient-ils leur pays ?
Un communiqué du UNHCR du 28 décembre indiquait que "Parmi les réfugiés, certains sont des partisans d'Alassane Ouattara et d'autres, de Laurent Gbagbo." Il est précisé dans ce même communiqué que les réfugiés fuient essentiellement les villages situés entre Danané (Région des Dix-Huit Montagnes / zone rebelle, dite Centre-Nord-Ouest) et Guiglo (Région du Moyen-Cavally / zone libre).
Des partisans de Laurent Gbagbo, aujourd'hui réfugiés, témoignent au micro de France24.
"Le HCR a par ailleurs reçu des informations indiquant que certains éléments des Forces Nouvelles (FN), qui soutiennent le président élu Alassane Ouatara, empêchaient des réfugiés de traverser librement vers le Liberia. "Cela oblige les réfugiés des villages de (la région de) Danane de dévier de leur route de près de 80 km vers le sud afin d'entrer au Liberia", a précisé le HCR qui a appelé à "protéger les civils". (Source: Dépêche AFP, France24)
L'ONU a t-elle adressé des avertissements au camp Ouattara/Soro pour ces actes d'intimidations commis par les rebelles ? Pas publiquement, me semble-t-il. Suite à ce constat, le HCR a voté une résolution contre les "atrocités" commises depuis le second tour des élections. Une enquête permettra d'identifier et de condamner les coupables. En revanche, Human Rights Watch dénonce le fait que "Cette région [la moitié Nord de la Côte d'Ivoire], avec son long passé de graves atteintes aux droits humains commises par les soldats des Forces Nouvelles, a fait l'objet de peu d'informations depuis l'élection présidentielle et exige une plus grande attention de la part de l'ONU et des groupes de défense des droits humains."
Par ailleurs, le HCR a publié un communiqué faisant état de 173 morts depuis la marche du 16 décembre. Pour le moment, c'est le camp Gbagbo qui est pointé du doigt par Human Rights Watch (HRW), en particulier, qui a recueilli différents témoignages concluant que "Les forces Pro-Gbagbo enlèvent des opposants". Du côté de l'ONU, les coupables ne sont pas encore identifiés et un rapport détaillé devrait permettre de clairement les identifier. En attendant, les auteurs de ces crimes appartiennent potentiellement aux camps Gbagbo et Ouattara. En effet, Rona Peligal, Directrice de la division Afrique de Human Watch Rights, précise que "Tant les forces fidèles à Gbagbo que celles fidèles à Ouattara devraient être averties qu'elles pourraient avoir à rendre des comptes pour les crimes passés et présents."
--MD