Douter de la Communauté Internationale n'est pas une hérésie
Depuis le début de la crise électorale, la Communauté Internationale ou plutôt quasi Communauté Internationale a condamné unanimement le Président sortant Laurent Gbagbo, en lui demandant de céder son siège au Président démocratiquement élu. Pour cela diverses sanctions ont été appliquées, parmi lesquelles suspension de visas, et gel des avoirs à l'étranger. Ensuite la CEDEAO et l'Union Africaine se sont ralliés en brandissant la menace d'une intervention militaire.
Non, douter de la Communauté Internationale n'est pas une hérésie.
Tout d'abord prenons le cas des états de la CEDEAO. L'une des raisons pour lesquelles de nombreuses personnes ont eu à s'offusquer de leur décision de vouloir rétablir la démocratie en Côte d'Ivoire est que parmi ces états figurent le Burkina Faso, dont l'actuel Président, Blaise Compaoré, est arrivé au pouvoir par coup d'état en 1987.
Poursuivons avec le cas de la France, à qui il est souvent reproché de fermer les yeux sur certaines élections non démocratiques voire de soutenir les états qui en sont issus. On pense généralement au Gabon, au Togo des Gnassigbé, un article du Canard Enchaîné complète la liste. Et récemment un de mes amis tunisiens m'interpellait sur le jeu de la France en Tunisie, qui selon lui est au courant de la dictature qui y règne mais ne dit rien et n'impose aucune sanction non plus. Les récentes révoltes vont peut-être changer la donne. Mais bon, c'est sûrement que le cas ivoirien doit faire jurisprudence et il faut un début à tout...
Last but not least, les Etats-Unis lors de la guerre en Irak de 2003. Collin Powell, alors Secrétaire d'Etat américain, présentait avec asurance devant le Conseil de Sécurité de l'ONU et donc devant le monde entier, les preuves de l'existence de la bombe atomique en Irak. Quelques mois après l'offensive, Collin Powell lui-même reconnaissait qu'en fait il n'y avait pas d'armes de destruction massive en Irak. Une guerre sur des fondements erronés ? Aujourd'hui ce n'est plus un secret que le pétrole et donc des intérêts économiques étaient à la base de cette intervention armée. Alan Greespan, ancien président de la Réserve Fédérale américaine (Fed) - équivalent de la Banque Centrale Européenne - l'a même reconnu.
Pour certains, il n'est pas permis de remettre en cause la parole des puissances mondiales et encore moins celle de l'ONU, qui est leur principale tribune d'expression au niveau mondial. Mais face à ces expériences passées, je suis au regret de leur répondre que le doute est permis ! Après tout, la confiance n'exclut pas le contrôle. C'est pourquoi, avant toute décision et forme d'intervention armée, il est nécessaire pour la Communauté Internationale de bien analyser les faits (rapports de tous les observateurs et du Conseil Constitutionnel - ce-dernier n'a par exemple pas été lu par le gouvernement américain).
--MD